Accords et désaccords

Fin novembre, la ville la plus peuplée de l’Inde a connu son « 9/11 » à son tour, une série d’attaques terroristes causant plus de 150 victimes à travers la ville. Il s’agit bien entendu de la ville de Bombay.

Ou bien serait-ce Mumbai ? Lors de ces évènements, les médias français ont donné l’impression de ne plus savoir où donner de la tête. Le sujet à été largement repris par la blocnotosphère, comme par exemple dans cet article écrit par les correcteurs du Monde. Quant à Wikipédia, on peut y lire :

Le nom Mumbai provient de la contraction de Mumba ou Maha-Amba, nom de la déesse hindoue Mumbadevi qu’auraient jadis vénérée les habitants des lieux et de Aai, « mère » en Marathi, la langue régionale dominante. Lorsque les Portugais s’approprièrent les îles de Bahâdûr Shâh en 1534, le premier gouverneur aurait utilisé le terme de Bom Bahia (« la bonne baie ») pour décrire la péninsule et la sécurité qu’apporte le port. Ce nom a évolué en Bombaim qui est utilisé aujourd’hui en portugais moderne.

D’autres sources, notamment le lexicographe portugais Jose Pedro Machado, rejettent l’hypothèse de Bom Bahia au profit d’une corruption progressive du nom marathi de Maiambu (comparable à l’actuel Mumbai) en Mombaim, puis Bombaim, au cours du XVIe siècle, l’étymologie couramment admise n’étant qu’une reconstruction postérieure. Lors de la colonisation par les Britanniques, ce nom a été anglicisé en Bombay […]

En 1995, […] les autorités locales décident de renommer Bombay en Mumbai afin de démarquer la ville de son passé colonial.

Quant à l’usage français, si aucune préconisation officielle n’existe, il semble que les vieilles habitudes aient la vie dure pour que les plus grands médias français (Libé, le Monde, le Figaro, l’Express…) s’obstinent à parler de Bombay.

Le problème se pose pour bien d’autres villes encore, en Inde toujours, avec Chennai (ex-Madras), mais aussi dans d’autres pays. Ce débat est notamment traité par le journaliste Europe de Libé, Jean Quatremer, sur son blog Les Coulisses de Bruxelles (excellent blog que je recommande fortement). UE oblige, « J4M » s’attaque à l’ex-Tchécoslovaquie, devenue Slovaquie et République tchèque le 31 décembre 1992. Et pourquoi pas République slovaque et Tchéquie ? De même, doit-on dire « Biélorussie » ou « Belarus » ?

Pour info, Wikipédia propose également cette page (en anglais) sur les comparaisons entre les langues. Riche mais fouillis, on y trouve par exemple les différences entre l’anglais britannique et américain ou entre le slovaque et le tchèque, ainsi que la traduction des noms de villes du monde dans une foultitude* de langues.

*Oui, « foultitude » existe, c’est confirmé par nos amis Bob et Larousse !

Fin de party

Puisqu’on est dans les mauvaises traductions, je tenais à évoquer une petite chose agaçante, non seulement en tant que traducteur mais aussi en tant que téléspectateur lambda : les (mauvaises) traductions des (mauvaises) séries américaines.

Très bien, je l’admets : lorsque je rentre chez moi après ma journée de travail, je me lobotomise l’esprit devant tout et (surtout) n’importe quoi à la télévision. Mais mon cerveau atteint sa tolérance limite lorsque j’entends parler « d’organiser une partie d’anniversaire » dans une série comique du début des années 1990…

La traduction audiovisuelle est un métier difficile, j’en conviens. Mais il me semble que les traducteurs de l’époque (pour cette série du moins) ne se sont pas foulés. Les doublures n’étaient déjà pas fameuses (les acteurs pourraient parler suédois, la synchronisation des lèvres ne serait pas bien différente pour la ménagère française) mais traduire birthday party par « partie d’anniversaire » me semble relever d’un grave manque de professionnalisme. Voire d’une fainéantise extrême. C’est quoi qu’il en soit une traduction qui déroge à la règle de base de la « transparence du traducteur ». On pourrait même l’assimiler à une trahison du sens de départ ; à moins qu’une « partie d’anniversaire » ne soit juste un bout de gâteau avec une demi-bougie et des bras d’invités.

Certes, depuis vingt ans, le travail du traducteur a considérablement évolué avec les nouvelles technologies. Mais pourquoi ne pas tout simplement traduire party par « fête », « soirée » ou même « boum » (qui à l’avantage de coller à l’époque de la série), qui sont autant de solutions convenables sans pour autant nuire (davantage) au timing ou à la synchronisation des lèvres.

Moi qui suis un fervent adepte des séries et films en version originale, j’ai tout de même l’impression que la qualité des traductions s’est globalement améliorée. Mais vous, que pensez-vous des sous-titres et des doublures d’aujourd’hui ?

Les plus mauvaises traductions de 2008

Comme promis, cette fois c’est un billet un peu plus sympa que ce que j’ai pu poster depuis le début de l’année. Je vous propose donc un petit florilège des pires traductions, cru 2008. Ce Top Ten, tout à fait subjectif, a été publié sur le blog d’une agence de traduction américaine, Alta.

Notez que les deux traductions-gag que j’ai citées sur ce blog, concernant le gallois, figurent en bonne place au classement. Sans oublier l’erreur de traduction (française) de l’Accord de paix entre la Russie et la Géorgie qui aurait bien pu avoir des conséquences catastrophiques !

C’est à lire, en anglais, ici : Top 10 Translation Fails of 2008.

Et en bonus, une vidéo découverte sur le blog de Céline, Naked Translations.

Le feuilleton continue

Permettez-moi d’être un peu fainéant aujourd’hui, et de simplement copier-collez un communiqué de l’AFP, « porteur d’espoir » pour les professions libérales. Promis, le prochain billet sera un peu plus divertissant !

Auto-entrepreneurs: les professions libérales pourront s’inscrire en février

Le 09/01/2009 à 11:37 | © AFP

Le secrétaire d’Etat chargé des PME, Hervé Novelli, a déclaré vendredi que les professions libérales qui ne pouvaient jusqu’ici prétendre au nouveau statut de l’auto-entrepreneur, pourraient le faire « courant février ».

Jusqu’ici, les professions libérales ne pouvaient bénéficier de ce statut, en vigueur depuis le 1er janvier, faute de signature d’une convention avec leur caisse de retraites.
« Un amendement à la loi de relance vient d’être adopté. Il va permettre aux professions libérales de devenir auto-entrepreneurs », a annoncé Hervé Novelli, dans une vidéo diffusé sur le site internet www.auto-entrepreneur.fr.
« Avec cet amendement, les professions libérales pourront s’inscrire, dès que la loi de relance sera adoptée », a poursuivi M. Novelli.
Les candidats au statut pourront s’inscrire « courant février », a-t-il ajouté.
Il a précisé que pour les commerçants et artisans, « plus de 2.000 inscriptions par jour » étaient enregistrées depuis le 1er janvier.
Le nouveau statut permet aux salariés, chômeurs, retraités ou étudiants de développer une activité à titre principal ou complémentaire pour augmenter leurs revenus.
Le gouvernement espère compter 200.000 auto-entrepreneurs fin 2009.

(vu sur www.daily-bourse.fr)

L’auto-entreprise ne veut pas de traducteurs

La sentence est donc tombée aujourd’hui. Je vous reproduis ci-dessous l’e-mail que j’ai reçu:

CENTRE DE FORMALITES DES ENTREPRISES, le 8/1/2009, 14 heures 45
-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-

Le Centre de Formalités des Entreprises de l’URSSAF de PARIS et de la REGION PARISIENNE Direction du recouvrement de Paris (11 au 15e arr.) vous informe que :
Votre déclaration du 02/01/2009 référencée ************* a été refusée car :

Message de votre correspondant URSSAF :
Bonjour. L’activité de traduction n’entre pas dans le champ d’application du régime auto entrepreneur. De plus il s’agit d’une profession libérale et non commerciale : vous devez donc vous inscrire en profession libérale auprés des services de l’URSSAF. Si vous procédez par internet n’oubliez pas de certifier conforme la pièce d’identité que vous devez joindre. Cordialement. Martine ESTIMBRE

Que je perde mon italien si la traduction est une activité « non commerciale » ! Les solutions qui nous restent sont donc le portage ou l’inscription à l’Urssaf… Ô joies administratives !