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Des blogs et des hommes

Les résultats du Top 100 Language Lovers ont été publiés, et comme vous pourrez le remarquer, votre humble serviteur n’a pas été retenu dans la liste finale. Il faut dire que la nouvelle formule, avec seulement 25 places par catégorie, a largement fait monter les enchères. Résultats: absolument aucun blog français sur la traduction. Dommage. Et pour faire grincer encore quelques dents, on notera aussi la présence du site Proz dans deux catégories… So much for language lovers.

Ce petit classement m’aura en tout cas permis de connaître un nouveau site, Le Mot Juste en Anglais, classé 9e en 2010 et hors compétition cette année. Ce site, créé par Jonathan Goldberg, avocat retraité et traducteur-interprète anglophone, aidé de Laura Vallet, une jeune Française en fin d’études, s’adresse « au locuteur français passionné par la langue anglaise ». Des mots, des expressions ou des faits anglais sont décortiqués et analysés à grand renfort de vidéos et d’images. Mais Le Mot Juste, c’est également une collaboration avec plusieurs blogueurs-linguistes, comme Riccardo Schiaffino (About Translation), Anne Gilmé (Upside Down), ainsi que René Meertens (auteur du célèbre guide de traduction anglais-français) et moi-même! Cette collaboration, qui sera l’occasion d’échanger des points de vue sur les questions linguistiques, en est encore à ses prémices, mais s’annonce passionnante!

J’ai aussi une petite surprise sur le feu, avec Mox. Mais je n’en dirai pas plus pour le moment… J’ai également appris que le flux de NJATB venait d’être intégré au site La Rassegna del Traduttore, un site italien qui rassemble les flux de nombreux sites consacrés aux langues et à la traduction. Ésperons que ce soit une bonne nouvelle.

Par ailleurs, entre deux livres sur les signes astrologiques et le calcul – ô combien passionnant – de son ascendant, je songeais éventuellement à donner un petit coup de jeune à NJATB en lui trouvant un nouveau petit nom. Et plutôt que d’imposer un nouveau choix, j’ai préféré céder aux sirènes du Web participatif-2.0-high-tech-buzz-new-gen-globalnetworking: le Web dont vous êtes le héros. Je vous invite donc à laisser vos propositions en commentaires et je les soumettrais au vote des lecteurs d’ici quelques semaines, si je réunis suffisamment d’idées. Quelques critères:

  • le titre doit être facile à mémoriser et à prononcer (plus que l’actuel)
  • il doit pouvoir s’exporter/se traduire facilement
  • il peut être en anglais ou en français (latin ou grec, si ça vous amuse)
  • il doit avoir un rapport avec la traduction ou les langues
  • Et bien sûr, il ne doit pas être déjà pris par un autre site
  • C’est encore mieux si c’est amusant!

À vos crayons!

20/20 en doigts

L’être humain éprouve un besoin instinctif de se comparer à ses pairs, de classer et de catégoriser. Il a besoin de hiérarchie pour lutter contre l’anarchie et se rassurer. Les sociétés humaines nous obligent à constamment faire nos preuves.

Tout au long de la vie, nous sommes soumis au regard des autres. Ça commence dans le ventre de notre mère, pour vérifier qu’on a une gueule humaine. À la naissance, les parents vérifient qu’on a bien 20/20 en doigts. Ça continue à l’école, où on nous pousse à avoir 20/20 en maths (un peu moins, ça passe aussi, contrairement aux doigts). Puis chez l’ophtalmo qui note la vue (sur 10 seulement, c’est le nombre d’années d’études qu’il a faites, son chiffre fétiche). Puis au collège, au lycée, au bac, aux concours des grandes écoles, à l’université, aux examens de diplôme… Et ça ne s’arrête pas là.

La traduction ne fait bien entendu pas exception. Notre travail est souvent scruté et les critiques sont féroces quand la qualité n’est pas au rendez-vous. Les louanges, même méritées, sont bien moins spontanées.

Certains donneurs d’ordre poussent ce principe à l’extrême et vont jusqu’à infantiliser leurs collaborateurs. Je pense par exemple à ces agences qui emploient des systèmes scolaires d’évaluation des traducteurs par l’attribution de notes à chaque projet. Une moyenne calculée selon certains critères tels que l’emploi d’une terminologie adaptée, le respect des consignes, la mise en page, etc. Ou d’autres moins objectifs comme une tournure de phrase qui déplaît. Si la note est correcte, pas un mot. Si la note est jugée faible, on vous rappelle à l’ordre.

Un moyen comme un autre de séparer le bon grain de l’ivraie ? Peut-être, mais ce n’est certainement pas le meilleur.

Il m’est arrivé plusieurs fois, au cours de ma jeune carrière, de me frotter à des critiques plus ou moins pertinentes de mon travail. Si j’accepte généralement bien les remarques, que je vois comme un moyen d’améliorer mon travail, la dernière en date m’a plus affectée que je ne l’aurais pensé. J’y vois plusieurs raisons.

• Sur le fond, tout d’abord : le caractère plutôt exceptionnel de ces critiques les rend encore plus notables et induit une remise en question.

• Ensuite, sur la forme : un simple mail d’une ligne envoyé par un responsable quelconque, le genre gros bras laconique qui sort d’on ne sait où pour emballer vos affaires dans un carton et vous accompagner jusqu’à la sortie. Or donc, attaché à ce mail se trouvait un fichier compilant quelques remarques moins diplomates les unes que les autres, voire blessantes, sans doute issues de l’esprit malicieux d’un relecteur mal luné.

• Autre aspect délétère, conséquence directe des deux points précédents : l’absence cruelle de droit de réponse. Ici, le traducteur n’est pas impliqué dans le processus de révision, comme c’est le cas dans d’autres agences ou certaines organisations internationales. Il lui est donc impossible de justifier ses choix et de défendre son travail. L’agence toute puissante ne tolère aucune contestation.

Alors, quelle réaction adopter dans une telle situation ? Plusieurs cas de figure peuvent se présenter :

  1. Les critiques sont fondées. Il faut essayer de ne pas s’inquiéter (ce qui est plus facile à dire qu’à faire) et comprendre ce qu’il s’est passé. Il arrive parfois que l’on soit fatigué, débordé, que l’on ait la tête ailleurs ou qu’un texte nous plaise moins qu’un autre. Il faut bien étudier la révision, remercier le réviseur et s’en servir par la suite pour ne plus reproduire les mêmes erreurs. Vous pouvez, par exemple, faire un glossaire propre à ce client ou afficher au-dessus de votre écran les points à ne pas oublier pour les projets suivants. Et pensez à prendre quelques jours de vacances ; les accidents arrivent, et un peu de repos permet souvent d’arranger les choses.
  2. Les critiques sont infondées. Vous êtes convaincu que votre travail est de bonne qualité, que le réviseur a une dent contre votre style rédactionnel ? Le mieux est sans doute de décrocher son téléphone, voire de passer à l’agence si c’est possible, pour qu’une véritable discussion s’engage avec le réviseur. Déployez des trésors de diplomatie, sous peine de faire fuir une source de revenus : évitez par exemple de tout contester en bloc (pour ne pas avoir à son tour l’attitude du gros bras pas futé), illustrez vos propos et appuyez-vous sur des sources fiables. Si tout cela est impossible, peut-être est-il temps de trouver un client plus conciliant. Quoi qu’il arrive, évitez de crier à l’injustice, ça n’attire rien de bon.
  3. Il y a du lard et du cochon dans votre travail. Inspirez-vous des deux points ci-dessus.

Dans tous les cas, adoptez une attitude professionnelle. Essayez d’obtenir des comptes-rendus aussi détaillés que possible. Soyez objectifs, reconnaissez vos erreurs et défendez vos choix de traduction. Un feed-back doit être enrichissant, afin de vous aider à progresser, et non pas de vous convaincre que vous vous êtes trompés de métier.

Si vous aussi, vous avez déjà fait face à des critiques, n’hésitez pas à partager votre expérience et votre réaction dans les commentaires.

 

 

 

(Un grand merci à Vanessa et Magali pour leur aide sur ce billet)

Top 100 Language Lovers 2011 (Votez!)

Voilà, les votes sont ouverts ! Vous avez jusqu’au 29 mai pour choisir votre site préféré dans quatre catégories : les blogs d’apprentissage linguistique, les pages Facebook, les comptes Twitter et les blogs sur les métiers des langues, où NJATB est nominé (c’est le premier de la liste, vous ne pouvez pas le manquer!)

Vote the Top 100 Language Professionals Blogs 2010

Quel que soit le résultat final, je suis particulièrement flatté de côtoyer des sites tels que la Marmitte, Naked Translation, About Translation ou encore Mox, et je vous invite à les découvrir si vous ne les connaissez pas.

Top 100 Language Lovers 2011

Vous l’attendiez, le revoilà : c’est le Top 100 Language Lovers 2011, LE classement des meilleurs sites consacrés aux langues. Pour la deuxième année consécutive, (Not Just) Another Translator est nominé parmi les meilleurs blogs linguistiques dans la catégorie « Language Professionals Blogs ». L’année dernière, NJATB avait atteint la 80e position au classement. La période de vote débutera le 17 mai. Restez branchés et encouragez-moi à garder ce blog actif.

Coquille sous roche

Certains d’entre vous le savent déjà, j’ai moi aussi participé à la grande aventure européenne (en partenariat avec Les Piles). En attendant peut-être un compte-rendu in extenso de la journée de concours (pour le moment, je trépigne d’impatience alors que les résultats sont attendus pour juin), des collègues m’ont soufflé une idée de billet.

Je ne suis pas sûr d’avoir le droit de diffuser le texte italien du concours de l’UE pour la traduction, que j’ai retrouvé sur Internet. Ce que je peux dire en tout cas, c’est qu’il s’agit d’un article tiré de R2 Diario, le supplément de la Repubblica. Le jour du concours, plusieurs candidats et moi-même avons remarqué une coquille dans le texte source. Un nom propre dont la seconde occurrence a été mal orthographiée. À moins qu’il ne s’agisse des Dupont et Dupond de la Repubblica.

Oui mais voilà : cette faute n’existe pas dans le texte original.

Alors que s’est-il passé ? Simple coquille ou petit piège vicieux ? J’imagine mal des petites mains européennes retaper les textes de tous les concours juste pour avoir une mise en page standard quand il est tellement simple de copier-coller. C’est donc une faute rajoutée, volontairement ou non, à l’épreuve de l’UE. Serait-ce une énième méthode pour évaluer notre concentration et l’attention portée aux détails ?

Dans le doute, j’ai ajouté une note de traducteur à la fin de mon travail pour indiquer qu’il s’agissait probablement d’une erreur.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Simple inattention dans la préparation des copies ou piège délibéré ?