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Le bilan du jeune diplômé

Pour la toute première fois depuis que je suis sorti de l’école de traduction, il y a un an tout juste, je suis passé de l’autre côté de la salle de conférence. Du côté des micros. Du côté des intervenants. Du côté des profs. Et tout ça devant des étudiants de mon âge, voire plus âgés, et dont certains sont même de bons amis.

Cette « table ronde » visait à répondre aux questions des étudiants sur les premiers pas des jeunes diplômés de l’ESIT dans le « monde réel », celui qui fait peur. Sans surprise, les doutes des futurs diplômés portaient surtout sur le statut du traducteur : portage, salariat, urssaf, agessa, BNC, auto-entreprise… Des termes qui sont encore barbares pour les blanches âmes que nous sommes avant le rite initiatique des examens de fin d’année. Comment se constituer une clientèle, comment ne pas sombrer dans la folie du libéral solitaire, comment survivre dans cette taïga traductologique. Nous avons fait de notre mieux pour rassurer nos futurs collègues.

C’est une sensation assez particulière de se retrouver au micro : suis-je vraiment bien placé pour parler du monde professionnel alors qu’il y a un an à peine, j’étais encore en train de plancher sur mes examens ? C’est sans doute l’occasion de faire un premier bilan de cette année écoulée. Suis-je heureux de ma situation professionnelle ? Est-elle conforme à l’idée que je m’en faisais un an auparavant ? Ai-je réalisé mes objectifs ?

Je n’ai pas l’intention d’étaler mon introspection sur ce blog. Mais je peux au moins dire que je n’ai jamais regretté de m’être lancé dans la traduction, et que j’ai accompli certaines choses dont je ne me croyais pas capable il y a peu. Cette année en tant que professionnel a été véritablement formatrice, probablement plus encore que mes trois ans d’école de traduction. Et ce fut un vrai bonheur.

We are Klingons !

Aujourd’hui, place à la SF.

Alors que la nouvelle mouture de Star Trek semble faire un tabac au cinéma, je vous propose d’aller glaner quelques infos sur la traduction de romans de science-fiction. Le site ActuSF a justement publié un dossier sur ce sujet, avec un premier volet sur le domaine vu par les traducteurs, et une seconde partie du point de vue opposé, c’est-à-dire les éditeurs.

Ce dossier, réalisé entre 2007 et 2009, est notamment composé d’entretiens avec d’illustres collègues, comme Jean-Daniel Brèque, traducteur notamment des romans de Raymond E. Feist, Stephen King ou Dan Simmons (de grands noms !). Et, c’est assez rare pour le noter, il a même sa propre (petite) page Wikipédia ! À l’honneur également, Patrick Couton, traducteur attitré des Annales du Disque Monde de Terry Pratchett (c’est typiquement le genre de traducteur qui me fascine, car il faut un talent certain pour se dépatouiller de cet auteur !). N’oublions pas également Jean-Pierre Pugi (Arthur C. Clarke, Michael Moorcock) et Mélanie Fazi (Graham Joyce).

Du côté des éditeurs, petits entretiens avec Le Bélial’, Folio SF, Denoël, les Moutons électriques et Calmann Levy. On retiendra que si vous souhaitez débuter dans la traduction SF, mieux vaut se tourner du côté du Bélial’ ou des Moutons électriques, qui acceptent les débutants pour leurs revues (attention, les moutons sont tous bénévoles !).

Enfin nooSFere propose une page sur le même sujet, plus ancienne, mais avec une vingtaine de traducteurs (dont les quelques noms ci-dessus) qui ont accepté de répondre aux questions de Lucie Chenu entre 2003 et 2004. C’est un peu long à lire, mais ça vaut le coup !

tlhIngan maH !

Objets traduisant non identifiés

Qui a dit que les traducteurs manquaient d’humour ? Comme probablement tous les corps de métiers, la traduction aussi fait l’objet de blagues d’initiés, réservés aux seuls traducteurs et/ou interprètes. Des blagues qui nous font passer pour des OBNI aux yeux des simples mortels.

Qu’il s’agisse de déclinaisons de blagues célèbres ou de créations ex nihilo, impossible de ne pas esquisser un sourire lorsqu’on les rencontre. Morceaux choisis.

Combien de traducteurs faut-il pour changer une ampoule ?
-Ça dépend du contexte !

Translator gets 400 words to translate.
Client : How long will it take?
Translator : About a week.
Client : A whole week for just 400 words? God created the world in 6 days.
Translator : Then just take a look at this world and afterwards take a look at my translation.

Notez par ailleurs comme les blagues peuvent représenter un parfait exemple d’intraduisibilité :

A translator takes her cat to the vet who asks: « have you any other cats? »
She replies: « Loads, Trados, Wordfast, OmegaT… »

Vous aurez bien compris que CAT signifie non seulement l’animal poilu, mais aussi et surtout « computer-aided translation« . Il me semble dès lors assez difficile de retranscrire le comique en français (« Un traducteur emmène son animal tropical Tao chez le véto… » mouais).
D’autres préfèrent chasser leurs démons en chanson, comme Sharon Neeman. Bien sûr, les paroles passent avant la musique (vous pourrez les trouver ici).


J’aimerais également partager avec vous un véritable coup de cœur, découvert grâce à l’Observatoire de la traduction. Pour un amateur de BD (et de blogs BD) tel que moi, je crois bien qu’il s’agit là du blog ultime :

Lena & Mox: Women

Ça se passe sur le site de Mox, avec une petite dizaine de vignettes à découvrir !

A nouveaux maux, nouveaux mots

L’actualité est une vraie source d’inspiration linguistique. Les nouveaux phénomènes de société impliquent nécessairement la création de nouveaux termes pour mieux les définir. Généralement, l’anglais est bien plus fécond que le français pour ces acrobaties ; la langue et les mentalités s’y prêtent mieux.

Il était une fois des Grands Méchants pour qui la Crise était l’exutoire idéal pour délocaliser et restructurer. Mais les Gentils Petits Ouvriers ne l’entendirent pas ainsi, et décidèrent alors de séquestrer les Grands Méchants dans leurs propres bureaux pour faire respecter leurs droits.


Ce conte de faits résume en substance la teneur des revendications sociales de ces dernières semaines, qui ont d’ailleurs surpris plus d’un voisin (comme l’Italie, voir ce billet sur le blog Andiamo!). D’où l’apparition de cet élégant néologisme, le bossnapping, qui ferait presque passer une pratique radicale pour un bonbon à la menthe.

Je ne sais pas pour vous, mais moi je trouve que ça sonne bien. M’enfin, tant qu’on n’aura pas inventé le Sarkonapping, il ne faudra pas s’attendre à de grands miracles pour échapper aux Grands Méchants et leur Exutoir.

(Crédit image: leMonde.fr)

Oyé Oyé

Un avis rapide pour signaler que j’ai mis à jour la liste de liens (là, juste à côté, si si, à droite, un peu plus bas, voooiiilà). Mon Google Reader est plein à craquer de blogs sur la traduction, et c’est assez dur de tous les citer, mais j’ai ajouté quelques sites parmi mes préférés.

Dans le coin des francophones, voici donc :

  • On En Est Là, le blog de Jérémy Manesse, traducteur de BD
  • Ma Voisine Millionaire, le blog d’une traductrice/rédactrice sur la vie de freelance (avec plein de conseils pratiques)
  • Mais aussi : Tiwanaku, La Parole Exportée, le Dico dans la Peau et Terduisache (le traducteur Chti)
Quelques blogs en italien :
  • Diario di un Traduttore
  • Non di sola Traduzione
  • Traduttore, Irriducibili
  • Ippe’s Blog, le blog de la twitteuse @La_Ippe
Et enfin, du côté de Shakespeare :
  • The Greener Word, le blog d’un traducteur vert
  • Masked Translator, le traducteur masqué
  • Oversetter, le blog de @nickrosenthal
  • Musings from an Overworked Translator
  • Translating is an Art, de @pikorua