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Chronique d’une renaissance #1 – Introduction

En début d’année, j’ai été contacté via ce site par la Fédération internationale de volleyball qui m’a confié la traduction des communiqués de presse publiés sur FIVB.org pour la saison 2013. Un travail de grande ampleur – entre 100 000 et 200 000 mots par mois – pour lequel je me suis entouré d’une équipe de choc. Mais j’y reviendrai une autre fois.

Ce contact m’a fait prendre conscience d’une chose. Bien que la FIVB ait décidé de m’accorder sa confiance, j’ai réalisé que l’apparence actuelle de mon site ne renvoyait pas l’image que j’aimerais donner de ma société. Le design est daté (le dernier changement visuel remonte à 2010) et ressemble à un bloc-notes plus qu’à un site professionnel (ce qui était voulu à l’époque). Qui plus est, la navigation n’est pas forcément intuitive pour des donneurs d’ordres potentiels.

Avec désormais la garantie d’un client important pour l’année, je n’avais plus d’excuses pour ne pas engager de frais. J’ai donc décidé de renouveler l’apparence du site et, au passage, de créer une identité visuelle unifiée à travers les différents supports de communication, par l’exemple avec la création d’un logo.

C’est pourquoi j’ai envoyé une bouteille sur l’océan de tweets, début juillet, en quête d’un graphiste/web designer professionnel. Après avoir reçu une dizaine de réponses et comparé les devis et les portfolios des différents prestataires, j’ai choisi de collaborer avec Lise Halluin (@ideealizse sur Twitter).

Au fil des prochains billets, je vais donc vous narrer les chroniques de la renaissance de (Not Just) Another Translator. Au programme : la conception d’un logo, la refonte du site ou encore l’ajout de services et réseaux. Stay tuned !

Retrouvez tous les épisodes de la saga :

L’ayatollah du café

Méticuleux. Minutieux. Il ne laisse rien au hasard. Il poursuit son cérémonial avec une déférence extrême. Un véritable ayatollah de l’expresso.

« On pense souvent que la cafetière est le plus important. Mais le vrai secret du shot parfait… »

Il ne finit pas sa phrase, trop dévoué à sa tâche. Il tourne attentivement la molette micrométrique de son Mazzer. « La Rolls des moulins », comme il dit. Plus qu’une voiture de luxe, l’engin massif évoque un char allemand.

Le bon réglage trouvé, il fait tomber quelques grains dans la trémie (« Un Yrgacheffe, la perle d’Éthiopie »). Sept grammes exactement. Il n’a plus besoin de peser, il officie depuis si longtemps.

Le café moulu dégage des effluves qui me replongent dans mon enfance : écorce de chêne, noisette, caramel.

D’une main ferme, il tasse la poudre de café dans le porte-filtre, se tourne vers « Miss Silvia », sa fidèle machine, et place le manche sous le groupe de l’appareil. Mais il ne lance pas le café immédiatement. « Il ne faut pas brusquer Silvia. Il faut attendre le bon moment. L’écouter. Lui parler. »

Exactement soixante secondes plus tard, il amorce enfin la pompe. « Souviens-toi de la règle d’or : 7 g de café, 25 secondes d’extraction pour 25 ml dans la tasse. » Après avoir arrêté la machine, il me tend le petit verre transparent à double paroi. Le nectar noir est surmonté d’un bon centimètre de crème marbrée.

« Bois, mon frère. Déguste ce don du ciel. »

Amen.

 

 

Texte et photo par Laurent Laget, 2012, reproduction interdite.

Quelque/Quelques

Voici une erreur que l’on retrouve souvent, trop souvent.

Rappelons les règles de base.

1. Utilisé devant un nombre, « quelque » signifie « environ » et prend la fonction d’adverbe : il est donc invariable. On dira par conséquent :

Gareth Bale pourrait aller jouer au Bayern pour quelque 60 millions d’euros.

Comme adverbe, « quelque » peut également avoir une valeur concessive (Quelque écrivain qu’il soit, il fait quelques erreurs)

 

2. Ce petit mot peut également devenir adjectif, auquel cas il sera toujours invariable, mais cette fois au pluriel. Il indique alors une quantité imprécise mais comptable :

Même L’Équipe (21) fait parfois quelques erreurs de français.



Google Reader, la fin des haricots

Dans la rubrique des outils indispensables (et je ne parle pas que des traducteurs), un agrégateur de flux RSS est pour moi presque aussi important qu’un client de messagerie. Késkeucékunagrégateur ? Le service le plus connu est probablement celui de la pieuvre Google, le bien nommé Reader. Il sert à réunir sur une même page l’ensemble des flux, c’est-à-dire des articles publiés sur tous les sites que vous suivez. Comme une image vaut mieux que mille mots, voici une capture d’écran de mon Reader :

Cette capture ne montre qu’une poignée des 135 sites que je consulte régulièrement, pour le travail ou la détente. Cela m’évite ainsi d’ouvrir tous les jours 135 onglets pour voir si – éventuellement – il y a du nouveau contenu à lire. C’est en quelque sorte un journal personnalisé dont vous choisissez les sources et les sujets.

Oui mais voilà. Coup de tonnerre, ce matin, Google annonce la fin de son service dès le 1er juillet prochain.

Reader avait déjà été amputé de ses fonctions de partage il y a quelques mois pour inciter à la migration vers Google+, ce qui en avait un peu limité l’attrait pour ma part. Cette fois, il va falloir trouver un plan B. D’autant que Reader n’est pas qu’un site, c’est aussi un service de synchronisation sur lequel s’appuient de nombreuses applications pour vous faire lire vos flux de manière plus agréable, comme Feedly ou Flipboard.

Et maintenant ? Que vais-je faire ?
Comment faire pour rester au fait des actualités du monde de la traduction, sachant que les blogs du monde entier permettent d’avoir un certain panorama de la profession ? Il y a bien sûr les listes de discussions de la SFT ou de l’ATLF, les forums comme Proz le forum de traducteurs professionnels. Il y a les rencontres « IRL » avec les collègues (n’oubliez pas les rencontres de la traduction en marge du Salon du Livre, le 21 mars prochain !). Mais sur les sites des collègues ?

Et les plans B ne se bousculent pas au portillon. Les agrégateurs se comptent certes par milliers (en voici déjà cinq), mais aucun ne s’est vraiment imposé à mes yeux en termes de facilité et de clarté d’utilisation (ajouter un site à son flux en deux clics, rien de plus simple).

Il se trouve que j’utilise Feedly sur mes appareils mobiles depuis plusieurs années. Le service a évolué et présente aujourd’hui une interface très agréable. Mais pour l’heure, il continue d’aller chercher mes abonnements sur Reader. Les développeurs ont déjà annoncé qu’ils préparaient la mort de Reader et devraient proposer d’ici là un service de remplacement complet. Il n’y a plus qu’à espérer.

Perte de lectorat
Mais au-delà de l’aspect pratique, ce qui me chagrine le plus est peut-être que l’arrêt de Google Reader va pousser un certain nombre de personnes à simplement délaisser les flux (par manque de temps ou d’envie de chercher un remplaçant, par désintérêt…). Et de là découle un effet pervers : la perte de lectorat.

Comme je le disais en début d’article, je consulte régulièrement plus d’une centaine de sites. Sans agrégateur, il va sans dire que je n’en lirais pas la moitié. Si Quand Reader sera mis à mort, il y a fort à parier qu’un certain nombre de lecteurs arrêteront tout simplement de consulter ces sites.

L’effet sera peut-être minime, mais cela reste dommageable. Entretenir un blog demande du temps, de l’énergie, de la motivation. Les deux premiers sont déjà largement phagocytés par mon activité professionnelle. Sans lectorat, la motivation risque bien elle aussi de s’envoler…

Connaissez-vous les mooks ?

Ce mot-valise, contraction de magazine et book, cache un nouveau format de publication hybride, à mi-chemin entre le livre et le magazine. L’exemple le plus célèbre est la revue XXI, avec son grand format, sa couverture cartonnée souple, sa maquette léchée et son absence totale de publicité. Parmi les caractéristiques qui regroupent ces revues, notons aussi le rythme de publication (3 à 4 fois par an) et le cœur de métier : un journalisme de qualité sur des sujets qui ne sont pas directement liés à l’actualité.

Le terme mook a été inventé par le précurseur de ce format en France, la revue éponyme des éditions Autrement, puis popularisé par XXI, qui en est à son numéro… 21 justement. Le format a fait des émules : Muze, Uzbek & Rica, 6 mois, Feuilleton et d’autres se sont engouffrés dans la brèche.

D’autres ont eu moins de succès et se sont arrêtés à un ou deux numéros, comme Hobo publié par L’Équipe. La faute à un seuil de rentabilité élevé et, d’après moi, à un problème de distribution. Les mooks sont en effet vendus en librairies et maisons de la presse. Cela dit, j’ai dû faire cinq ou six Relay de la gare Montparnasse avant de trouver Desports. Dans le premier, les mooks étaient cachés au pied de l’étal des livres, en vrac. Dans le deuxième, pas le moindre mook. Dans le troisième, quelques mooks en tête de gondole avec les hors-série et numéros spéciaux saisonniers. Dans le quatrième, seul XXI, au niveau du sol, était disponible. Dans le dernier, enfin, je trouvais Desports en bonne place près de l’entrée, pile au niveau du regard (Relay devrait peut-être revoir sa stratégie pour uniformiser tout ça…)

Mais il faut dire que le prix de vente a de quoi en rebuter certains : vendus entre 15 et 20 €, les mooks se situent au-dessus de la barre psychologique de dix euros. Mais ce prix est-il vraiment si élevé ? 15 € pour un trimestriel, ce n’est jamais que 5 € par mois, soit très peu au vu du journaliste de qualité qui est proposé et de l’absence de publicité (quand le moindre magazine, avec une pub une page sur deux, coûte le même prix). Autant dire que c’est donné.

Pour ma part, j’ai donc jeté mon dévolu sur Desports, autoproclamé « Premier magazine de sport qui se lit avec un marque-page ». J’apprécie déjà tout particulièrement le titre, qui tire son nom du vieux français, comme le rappellent les rédacteurs en chef Adrien Bosc et Victor Robert dans leur tribune. Dans ce premier volume, les grandes plumes de Luis Sepulveda, Denis Podalydès et Don DeLillo côtoient les petites phrases de Zlatan, on lit entre les lignes des films Nanni Moretti et de Pier Paolo Pasolini et on redécouvre The Hurricane de Bob Dylan. Petite revue de presse avec Le Mouv, Première, Mediapart et Télérama.

Pour finir, la seule chose que l’on pourrait reprocher aux mooks serait peut-être leur nom, n’en déplaise à son inventeur Henry Dougier. Pour des revues qui défendent le journalisme et la langue française, pourquoi pas « Livrazine » ou « Magalivre » !