Nouveau : Revivez les Rencontres de la Traduction 2012 en vidéo sur le site officiel.
Je tenais à vous livrer mes impressions sur les deuxièmes rencontres de la traduction qui se sont tenues au Salon du Livre en mars 2012 depuis belle lurette, mais j’avais accordé l’exclusivité de l’article au Bulletin des Anciens de l’ESIT. Ce qui explique ce long silence monotone… Bonne lecture !
À la mi-mars, plusieurs centaines de professionnels de la traduction et de l’édition se sont donné rendez-vous porte de Versailles pour les deuxièmes rencontres de la traduction, nouveau rendez-vous annuel en marge du Salon du livre. Pour mémoire, cet événement vise à réaffirmer l’importance de la traduction dans le processus littéraire par le biais de tables rondes. Au programme cette année, « la place du traducteur à l’ère du numérique », « la traduction de la littérature japonaise », « l’atelier du traducteur » et « la retraduction ». Parmi les intervenants, des éditeurs (Francis Geffard, Philippe Picquier), des écrivains (Claro, Khaled Osman) et bien entendu des traducteurs (André Markowicz, Corinne Atlan, Cécile Sakai). Et d’autres qui sont tout cela à la fois (René de Ceccatty, Frédéric Boyer). Le tout entrecoupé d’un buffet pris d’assaut par les redoutables et trop nombreux petits doigts traduisant.
Passons rapidement la première table ronde, loin d’avoir tenu ses promesses, les intervenants s’étant quelque peu égarés dans les aspects commerciaux, oubliant au passage l’objet même de cette journée et des sujets tels que les ebooks n’ont été que survolés. Dommage.
La seconde table ronde était bien plus intéressante, même si, comme moi, vous n’avez pas un certain tropisme envers la culture japonaise. Patrick Honnoré, spécialiste des mangas, Daniel Struve, Cécile Sakai ou encore Corinne Atlan, traductrice attitrée de Haruki Murakami, nous ont ainsi invités au voyage dans l’espace et le temps « sans payer le billet ».
Mais le clou de la journée étant sans aucun doute cet « atelier du traducteur », réunissant nos « role-models » comme disent les anglophones, à commencer par André Markowicz, qui a commencé par traduire Pouchkine à 15 ans, avant d’attaquer l’œuvre de Dostoïevski et les poésies de Tchekhov. À côté de lui se trouvait David Bellos, ce Britannique au français parfait auteur de l’excellent précis de traduction Le Poisson et le bananier. Sans oublier Khaled Osman (traducteur de l’arabe et écrivain, ainsi que Julie Sibony, passée des Harlequin aux polars. Durant 1 h 30, ces héros littéraires ont livré avec humour et passion leurs réflexions et des phrases cultes (Markowicz : « Quand on traduit, on lit avec les doigts » ; Sibony : « J’ai jamais décidé de devenir traductrice, aujourd’hui encore j’hésite »). Fascinant.
Après cela, il faut dire que l’attention s’est quelque peu relâchée pour la dernière table ronde sur les raisons et les enjeux de la retraduction. J’y aurais toutefois appris qu’outre les éventuelles motivations commerciales ou de modernisation d’un texte, la retraduction peut être « mystique » (pour retrouver une vérité perdue) ou « agnostique » (pour faire « autre » et non mieux).
Le mot de la fin est revenu à Pierre Assouline, qui n’a pas manqué de rappeler que « la situation du traducteur est la meilleure en France », comparée au reste du monde.
Mais n’oublions pas que le « vrai » événement de cette journée était le Salon du livre en lui-même, où nous avons pu jouer les piques-champagne sur les différents stands après cette longue journée de stimulation intellectuelle. Que dire sur le Salon si ce n’est que c’était l’habituel joyeux bazar, paradis du livre et de la bousculade. Un stand entier était consacré aux auteurs (avec la Sofia, la SCAM ou encore la Charte des auteurs pour la jeunesse). Notons également qu’a été signé le nouveau Code des usages pour la traduction avec l’ATLF et le Centre national du livre, résultat du travail de Pierre Assouline sur l’état des lieux de la traduction en France. Ce fut également l’occasion pour Olivier Mannoni, président sortant de l’ATLF, de présenter la nouvelle école de traduction littéraire, dont la première session expérimentale avec une quinzaine d’étudiants aura débuté au moment où vous lirez ces lignes.
Personnellement, j’ai trouvé que 2012 était un bon cru, même si je n’avais pu assister aux rencontres de la traduction l’année dernière et ne peux donc comparer. Si les tables rondes étaient de qualité inégale, nous avons tout de même eu la chance d’écouter de grands passeurs, et comme à chaque fois, de retrouver des collègues et d’échanger des cartes de visite !
Retrouvez le programme complet des rencontres de la traduction 2012.
Sorry, this entry is only available in French.
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Merci pour ton billet, j’étais justement curieuse de savoir comment ça s’était passé.
Il y a eu d’autres récits de cette journée, la page Facebook des Rencontres de la Traduction en a dressé une liste, si tu veux avoir d’autres points de vue !