Connaissez-vous les mooks ?

Ce mot-valise, contraction de magazine et book, cache un nouveau format de publication hybride, à mi-chemin entre le livre et le magazine. L’exemple le plus célèbre est la revue XXI, avec son grand format, sa couverture cartonnée souple, sa maquette léchée et son absence totale de publicité. Parmi les caractéristiques qui regroupent ces revues, notons aussi le rythme de publication (3 à 4 fois par an) et le cœur de métier : un journalisme de qualité sur des sujets qui ne sont pas directement liés à l’actualité.

Le terme mook a été inventé par le précurseur de ce format en France, la revue éponyme des éditions Autrement, puis popularisé par XXI, qui en est à son numéro… 21 justement. Le format a fait des émules : Muze, Uzbek & Rica, 6 mois, Feuilleton et d’autres se sont engouffrés dans la brèche.

D’autres ont eu moins de succès et se sont arrêtés à un ou deux numéros, comme Hobo publié par L’Équipe. La faute à un seuil de rentabilité élevé et, d’après moi, à un problème de distribution. Les mooks sont en effet vendus en librairies et maisons de la presse. Cela dit, j’ai dû faire cinq ou six Relay de la gare Montparnasse avant de trouver Desports. Dans le premier, les mooks étaient cachés au pied de l’étal des livres, en vrac. Dans le deuxième, pas le moindre mook. Dans le troisième, quelques mooks en tête de gondole avec les hors-série et numéros spéciaux saisonniers. Dans le quatrième, seul XXI, au niveau du sol, était disponible. Dans le dernier, enfin, je trouvais Desports en bonne place près de l’entrée, pile au niveau du regard (Relay devrait peut-être revoir sa stratégie pour uniformiser tout ça…)

Mais il faut dire que le prix de vente a de quoi en rebuter certains : vendus entre 15 et 20 €, les mooks se situent au-dessus de la barre psychologique de dix euros. Mais ce prix est-il vraiment si élevé ? 15 € pour un trimestriel, ce n’est jamais que 5 € par mois, soit très peu au vu du journaliste de qualité qui est proposé et de l’absence de publicité (quand le moindre magazine, avec une pub une page sur deux, coûte le même prix). Autant dire que c’est donné.

Pour ma part, j’ai donc jeté mon dévolu sur Desports, autoproclamé « Premier magazine de sport qui se lit avec un marque-page ». J’apprécie déjà tout particulièrement le titre, qui tire son nom du vieux français, comme le rappellent les rédacteurs en chef Adrien Bosc et Victor Robert dans leur tribune. Dans ce premier volume, les grandes plumes de Luis Sepulveda, Denis Podalydès et Don DeLillo côtoient les petites phrases de Zlatan, on lit entre les lignes des films Nanni Moretti et de Pier Paolo Pasolini et on redécouvre The Hurricane de Bob Dylan. Petite revue de presse avec Le Mouv, Première, Mediapart et Télérama.

Pour finir, la seule chose que l’on pourrait reprocher aux mooks serait peut-être leur nom, n’en déplaise à son inventeur Henry Dougier. Pour des revues qui défendent le journalisme et la langue française, pourquoi pas « Livrazine » ou « Magalivre » !

2 réflexions au sujet de « Connaissez-vous les mooks ? »

  1. Votre remarque sur l’ « appellation » est justifiée, et vous le remarquez nous n’en faisons pas usage.

    Merci de votre lecture et de l’article

    Cordialement

    1. En effet, j’ai remarqué que vous n’utilisiez pas ce terme. J’ai aussi remarqué l’excellente qualités de vos écrits, qu’ils soient originaux ou traduits, ce qui est particulièrement agréable !

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