Me voilà désormais de retour de mes vacances de travail, et les premières semaines à Paris ont été aussi chargées que les dernières outre-Atlantique (ce qui explique votre attente avant de relire un billet sur NJATB!). Je profite donc d’une accalmie pour tenir une de mes promesses : une analyse démolinguistique du Québec et de l’Ontario à travers… l’autoradio! Autant vous prévenir tout de suite, je n’ai pas l’intention de faire une analyse en profondeur, d’autres – dont c’est le métier – le font beaucoup mieux que moi.
On savait donc que la radio était l’un des miroirs culturels de nos sociétés. Ce que l’on sait moins, à moins d’habiter dans une région frontalière ou dans un pays bilingue, c’est que c’est également un miroir linguistique. Lors de mon road trip au Canada, j’ai justement eu quelques heures pour parcourir les ondes. Et j’ai été passionné par l’évolution, en fonction de la région traversée, de la répartition des stations anglophones et francophones. Pour vous aider à suivre mon récit, voici une carte de la distribution linguistique au Canada, propriété du site Muturzikin, qui se réserve tous les droits. J’y ajouté le tracé de mon périple, en vert.
Parti de Cape Cod, sur la côte Est des États-Unis, les ondes étaient sans surprises complètement anglophones. C’est à une centaine de kilomètres de la frontière USA-Québec, à 4h de route vers le nord, que se font entendre les premiers reliquats de français – échos des émetteurs qui parviennent tout juste à traverser les Appalaches. Et sur Sherbrooke déjà, la magie s’opère. Cinquante kilomètres derrière la frontière, dans la province du Québec, le bilinguisme est partout. Sherbrooke la francophone côtoie Lennoxville l’anglophone. Ça s’entend sur mon autoradio, où les deux langues se partagent équitablement les ondes. Si cela ne se voit pas sur la carte, c’est tout simplement parce que les fréquences moyennes sont moins disciplinées que les nuages nucléaires et ne s’arrêtent pas aux frontières (cela dit, il y a plusieurs centres universitaires anglophones à Sherbrooke, et je doute qu’il n’y ait que 10% d’habitants qui parlent anglais).
Il était donc naturel qu’en m’éloignant de la frontière en direction de la ville de Québec (200km), et a fortiori à Tadoussac (encore 250km, à la confluence du Saguenay et du Saint-Laurent), la quasi-totalité des radios émette uniquement en français. Alors certes, on tombe encore sur 2 ou 3 stations anglaises, mais c’est relativement négligeable, comme la part d’anglophones dans cette région du Québec (moins de 10%).
Les choses redeviennent plus intéressantes aux abords de Montréal, ville bilingue et multiculturelle par excellence. Si l’on est encore à 200km d’Ottawa et de l’Ontario, les ondes radiophoniques sont déjà plutôt bien équilibrées entre l’anglais et le français, ce qui est plutôt plaisant (c’est franchement plus simple de travailler sa compréhension passive!). Même constat – la country en plus – sur Ottawa : la capitale du Canada fait face à Gatineau, la ville québécoise de l’autre côté de la rivière des Outaouais. C’est du fifty-fifty pour le partage de la population et des ondes.
Province | Population totale | Anglais | Français | Autre langue |
Ontario | 12 028 895 | 8 230 705 |
(68,4%)488 815
(4%)3 134 045
(26%)Québec7 435 905575 555
(7,7%)5 877 660
(79%)886 280
(11,9%)
Langue maternelle en Ontario et Québec en 2006. Source: Statistique Canada via L’aménagement linguistique dans le monde, par Jacques Leclerc
Puis ce bilinguisme radiophonique s’estompe en continuant vers le sud et Toronto. La plus grande ville du Canada (2,5 millions d’habitants) n’est séparée des États-Unis que par le lac Ontario (jusqu’à 85km de large, tout de même). D’après Wikipedia, « la lingua franca a toujours été l’anglais, mais une centaine d’autres langues sont parlées. 50 % des habitants de Toronto ont une langue maternelle autre que l’anglais, et 32 % parlent à la maison une langue autre que l’anglais« . La preuve par l’oreille: la majorité des stations sont anglophones, quelques francophones résistent, sans compter une poignée de stations diverses, comme CHIN radio, qui diffuse en 16 langues, notamment en chinois (mandarin et cantonnais) et en italien. Ce fut d’ailleurs un vrai plaisir que d’entendre quelques minutes de ma troisième langue, malgré des chansons toujours aussi niaises (mi spiace, amici, ma è vero!).
La fin du voyage, c’est-à-dire la visite à Niagara Falls et le retour sur Cape Cod, a vu les dernières stations francophones se taire au fil des kilomètres. Mais cette expérience était d’autant plus intéressante que les sujets traités, qu’ils soient politiques, culturels ou sportifs, ainsi que les musiques diffusées étaient globalement les mêmes, quelle que soit la langue de l’animateur. Et ça, c’est le vrai bilinguisme.
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