J’ai toujours été casanier. De fait, le métier de traducteur indépendant s’est petit à petit imposé comme une évidence. J’ai souvent rencontré des étudiants ou des salariés me demandant si « rester seul enfermé à la maison » n’était pas trop déprimant. Et ma réponse a toujours été la même : « Je ne suis pas enfermé, je suis libre. »
Il y a quelques mois, ma vie a radicalement changé. Devenu jeune papa, mon rituel dodo-boulot-dodo a été, disons, bousculé.
Alors que j’avais l’habitude de disposer du logement pour moi tout seul, de travailler dans le silence absolu ou avec de la musique, j’ai dû, du jour au lendemain, partager mon espace de travail avec ma moitié et ma progéniture. Sans oublier que ledit espace de travail s’est retrouvé soudainement envahi de doudous, vêtements taille Tom Pouce et autres couches lavables.
Cette situation s’est prolongée durant près de six mois. (Paradoxalement, c’est également la période la plus faste depuis la création de mon entreprise.) Bien entendu, c’était prévisible et j’avais déjà commencé à étudier les différentes solutions qui me permettraient de conserver des conditions de travail optimales.
Coworking, partage d’un espace de travail avec un collègue, location d’un local professionnel, achat d’un studio reconverti en bureau… J’ai évalué le pour et le contre de ces pistes sous le prisme du coût, au vu de mes nouvelles responsabilités paternelles, et de l’éloignement de mon domicile (casanier, remember ?)
La meilleure piste que j’envisageais alors était de louer un bureau à La Manufacture (qui offre d’ailleurs quelques avantages aux adhérents de la SGDL). Mais je n’étais pas tout à fait convaincu par les locaux, plutôt austères. Je me suis également souvenu des sages paroles de Corinne McKay (« Make sure you find the right spot ») ou encore de l’expérience de Judy Jenner, toutes deux passées à l’acte récemment.
J’ai donc décidé de ne rien faire. Ou plutôt, de réduire la voilure le temps d’apprendre mon nouveau rôle de papa.
Au début du mois d’octobre, alors que je hissais justement la grand-voile puisque le rejeton avait désormais un mode de garde, je suis tombé, par le plus pur des hasards, sur une façade insolite, pleine de messages écrits à la main, à deux pas de chez moi. En m’approchant, j’ai compris qu’il s’agissait d’un nouvel espace partagé de travail. Ni une ni deux, armé de mon tank en forme de poussette, j’ai frappé à la porte et j’ai été chaleureusement accueilli par Olivier.
J’étais pris dans l’engrenage. Non, dans la Cordée.
J’ai découvert un environnement épuré mais chaleureux, propice au travail comme aux rencontres, même si les chaises sont un peu rudimentaires (j’ai du mal à décoller de mon Trône de Fer). Un coin « Starbucks » (café/fauteuils) où l’on peut aussi « coluncher« , un espace calme, des salles de réunion. Et des services amenés à se développer (réseau social, cours de yoga, consultations avec un comptable, et même… garde d’enfants !). Qui plus est, l’inscription donne accès à toutes les Cordées de Lyon et Paris. Et l’on se rêve traducteur itinérant avec des Cordées dans toutes la France !
Mais parlons « choses qui fâchent » : l’abonnement mensuel s’élève à 24 € auquel s’ajoutent les heures passées sur place (4 € pour les inscrits). En imaginant donc y passer une journée de 8 h par semaine, nous parvenons à un total de 180 € à 200 € par mois (frais déductibles du bénéfice, bien entendu). Je regrette juste une grosse disparité avec les tarifs lyonnais, probablement justifiée par la différence des loyers.
C’est une somme, mais si cela permet d’améliorer la productivité, de faire des rencontres et de varier le quotidien, c’est une dépense qui en vaut peut être la peine. Comme le dit si bien Judy Jenner : « having to walk up to people to say hello really forces me out of my comfort zone, which is a great thing ».
On en reparle dans quelques semaines ?